PARIS, 25 février (Reuters) - Privé du contrat des avions-ravitailleurs aux Etats-Unis, EADS pourrait chercher à acquérir un groupe européen bien exposé au marché américain de la défense, indispensable à son ambition de devenir un acteur mondial du secteur, a estimé vendredi un expert.
Pour ne plus être seulement associé à Airbus, le groupe européen d'aéronautique et de défense va devoir reconsidérer sa stratégie et chercher une nouvelle porte d'entrée dans le marché américain, où les cibles potentielles ne sont pas légion après une consolidation du secteur au cours des cinq dernières années, a souligné Marko Lukovic, consultant chez Frost & Sullivan.
Le Pentagone a annoncé jeudi soir l'attribution du contrat de plus de 30 milliards de dollars (22 milliards d'euros) à Boeing à l'issue d'un processus long et mouvementé. EADS avait remporté en 2003 avec Northrop Grummanun précédent appel d'offres invalidé par la suite.
L'échec d'EADS, qui s'était engagé à produire les avions ravitailleurs dans l'Alabama, a surpris les analystes.
"La conséquence principale n'est pas seulement sur la présence d'EADS dans la défense en Amérique du Nord - mais dans le secteur de la défense en général", a expliqué à Reuters Marko Lukovic, consultant chez Frost & Sullivan.
"Ils comptaient fortement sur leur succès aux Etats-Unis pour entraîner la croissance de tout le groupe EADS dans la défense et se retrouvent donc à devoir chercher un autre moteur pour cette croissance", a-t-il poursuivi.
AU-DELA D'AIRBUS
Dans le cadre de son plan "Vision 2020", EADS vise un chiffre d'affaires de dix milliards de dollars en Amérique du Nord en 2020 (7,3 milliards d'euros) hors Airbus et souhaite s'assurer une position de maître d'oeuvre vis-à-vis du gouvernement américain.
EADS a réalisé en 2009 la moitié de son chiffre d'affaires en Europe et seulement 14% en Amérique du Nord, soit 6,1 milliards d'euros, toutes activités confondues.
"Beaucoup de gens associent actuellement EADS purement à Airbus, même si c'est un peu injuste puisqu'ils font de tout", a souligné Marko Lukovic.
"Ils doivent maintenant réfléchir à leur stratégie. Les Etats-Unis représentent environ 45% des dépenses mondiales dans la défense, donc on ne peut pas se permettre de ne pas y être".
La fourniture des avions ravitailleurs au Pentagone aurait permis à EADS de réaliser une percée déterminante sur le marché américain, servant de tremplin pour d'autres contrats.
Sa filiale Eurocopter a déjà rencontré un succès majeur en 2006 sur le marché américain avec le contrat d'hélicoptères utilitaires légers UH-72A Lakota pour l'armée américaine.
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L'UH-72A Lakota de Eurocopter , filiale d'EADS ... |
Mais EADS aura désormais beaucoup plus de mal à décrocher un contrat pour des hélicoptères plus gros, dont le montant serait de toute façon sans commune mesure avec celui des avions ravitailleurs, a déclaré Marko Lukovic.
"Ils devront donc probablement envisager des alternatives pour pénétrer dans le marché américain - l'une d'entre elles pourrait être d'acquérir un groupe, pas nécessairement américain, mais qui pourrait être aussi une entreprise européenne avec un accès au marché américain", a-t-il expliqué.
Marko Lukovic estime que l'idée d'une fusion entre EADS et Thales - avortée en 2004 - pourrait redevenir d'actualité étant donné l'exposition de ce dernier au marché américain.
Thales, qui a pour principaux actionnaires l'Etat français et Dassault Aviation , a engrangé pour 2,2 milliards d'euros de prises de commandes aux Etats-Unis en 2010, soit 17% du total.
"Les grands groupes de défense européens ont tous accès au marché américain de la défense, parce qu'ils ont réalisé que le potentiel de croissance en Europe n'était pas particulièrement élevé", a-t-il ajouté, citant le britannique BAE Systems et l'italien Finmeccanica .
aerocontact.com
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