WASHINGTON, 25 février (Reuters) - Boeing est le "net vainqueur" de la compétition portant sur la livraison d'avions ravitailleurs à l'armée de l'air américaine, a déclaré jeudi soir le Pentagone, à la surprise d'analystes sûrs de voir son concurrent européen Airbus remporter l'appel d'offres.
Lors d'une conférence de presse, le secrétaire à l'US Air Force, Michael Donley, a précisé que le contrat attribué à l'américain représentait une valeur supérieure à 30 milliards de dollars (21,73 milliards d'euros)
"Boeing a été le net vainqueur", a déclaré le secrétaire adjoint à la Défense William Lynn lors d'une conférence de presse organisée au Pentagone.
Certes, a-t-il reconnu, EADS peut encore contester la décision, mais il s'est dit convaincu que cette dernière avait été juste et transparente et que rien ne justifiait qu'on la remette en question.
"J'estime que nous avons mis au point un processus clair, transparent et ouvert et que nous nous sommes basés dessus et que rien ne permet de le contester"', a déclaré William Lynn.
Les responsables du Pentagone ont refusé de détailler la teneur des deux offres et se sont bornés à déclarer que l'écart entre elles était de plus de 1%.
L'action Boeing a immédiatement profité de l'annonce et gagnait 3,5% dans les transactions électroniques.
Le directeur général de Boeing Jim McNerney s'est dit "honoré" d'avoir remporté l'appel d'offres et a assuré que son "équipe était prête à mettre ses 60 ans d'expérience dans les avions ravitailleurs" au service de la construction des appareils.
Ces derniers, a-t-il dit, seront équipés "de techniques de pointe afin qu'ils puissent effectuer les missions qu'on leur demandera à l'avenir."
Ils seront construits "par des salariés américains sur les sites existants de Boeing."
La décision sur l'attribution du contrat marque un tournant dans ce dossier. Mais selon les analystes, rien ne garantit que le conflit entre Boeing et Airbus s'arrête là.
EADS a prévenu la semaine dernière qu'il ne ferait appel de la décision du Pentagone qu'en cas "d'erreurs flagrantes".
Le groupe européen dispose d'un délai de dix jours pour contester formellement la décision annoncée jeudi soir.
DECEPTION, INQUIÉTUDE DANS LE CAMPS EADS
Dans un communiqué, EADS a fait par de sa "déception et de son inquiétude" après cette décision, tout en soulignant qu'il ne s'agissait que d'une opportunité parmi d'autres pour lui aux Etats-Unis. Il n'a toutefois pas dit s'il comptait contester l'attribution du contrat à son concurrent.
Jeff Sessions, sénateur républicain de l'Alabama, un Etat qui aurait bénéficié d'une victoire d'EADS a quant à lui déclaré qu'il allait examiner cette attribution avec attention pour s'assurer qu'elle avait été juste.
Jo Bonner, représentant républicain du même Etat, a quant à lui déclaré qu'il souhaitait connaître toutes les raisons pour lesquelles l'européen n'a pas remporté l'appel d'offres.
"Ce sera à EADS de déterminer s'ils veulent contester cette décision et quelle que soit leur décision, ils auront tout mon soutien", a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur son site internet.
Richard Aboulafia, analyste spécialiste de l'aéronautique chez Teal Group, a qualifié la décision du Pentagone "d'énorme surprise" et il estime que si le dossier en restait là, Boeing serait parvenu à contrer la plus grande offensive jamais menée par EADS dans le secteur de la défense.
TENSIONS TRANSATLANTIQUES
L'armée de l'air américaine veut engager le remplacement de sa flotte de KC-135 Stratotankers, vieille de 50 ans, qui ravitaille chasseurs et autres avions en plein vol afin d'élargir le champ des opérations militaires.
La concurrence pour la fourniture de ces 179 "tankers" a provoqué des tensions de part et d'autre de l'Atlantique, et des conflits entre parlementaires américains soucieux de créer des emplois dans leur Etat. Airbus et Boeing, concurrents sur le marché des avions de transport de passagers, se sont publiquement affrontés sur ce dossier, à grand renfort d'encarts publicitaires, pendant que leurs partisans s'opposaient via des conférences de presse.
Boeing et Airbus, via sa filiale nord-américaine, proposaient tous les deux une version spécialement adaptée de leurs appareils de transport existants, le Boeing 767 et l'A330.
Le feuilleton remonte à 2001. Un premier projet de 23,5 milliards de dollars pour louer puis acheter 100 Boeing 767 transformés en ravitailleurs avait échoué en 2004, en raison d'un conflit d'intérêt qui s'était traduit par des peines de prison pour le directeur financier de Boeing et le numéro deux des achats de l'armée de l'air de l'époque.
Par la suite, EADS, en partenariat avec le groupe américain Northrop Grumman , a remporté en février 2008 un deuxième appel d'offres portant sur 179 appareils. L'opération a elle aussi été annulée, les autorités américaines ayant retenu certains des arguments avancés par Boeing pour contester l'attribution du contrat.
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