dimanche 27 février 2011

L'avenir du low-cost / Eclairages

L’aviation connaît actuellement une banalisation sans précédent. Il n’y a pas si longtemps, ce monde était réservé aux plus fortunés, bon nombre d’entre nous avons rêvé d’y travailler un jour. Aujourd’hui, prendre l’avion est aussi normal que prendre le bus. De grandes compagnies à bas coûts dictent actuellement les nouvelles règles mais pourront-elles encore dominer le marché encore longtemps? En dix ans, le low-cost a démocratisé radicalement le transport aérien, mais n’est-ce pas pour la même raison qu’il coure à sa perte?


*

Tout d’abord, qu’est ce que le low-cost? Pour une entreprise, il existe deux moyens de gagner de l’argent: soit la qualité en faisant des marges confortables, soit la quantité en baissant le prix et les marges tout en réduisant les coûts d’exploitation et à investir chaque euro pour faire un maximum de chiffre d’affaire, même si le bénéfice est moindre. Les compagnies aériennes à bas coûts se caractérisent par une augmentation de sièges, ce qui réduit le confort, une flotte homogène, pour réduire les coûts de maintenance, le rendement de ses avions en les faisant voler plus et en réduisant les escales ou encore la desserte d’aéroports secondaires.


Ce concept naît aux Etats-Unis. Jusque dans les années septante, une loi limitait le nombre des compagnies aériennes ce qui leur permettaient de pratiquer des prix aujourd'hui exorbitants, vu la faible concurrence de l’époque. Des services à bord ainsi que la liberté de billets modifiables étaient monnaie courante. En 1978, tout bascule, la libéralisation du marché aérien commence. La première compagnie low-cost était la Southwest, qui baissa ses prix et bien sûr ses services. La peanut airlines, surnom de l’époque, inspira de nouvelles compagnies, notamment en Europe avec Ryanair, EasyJet ou Air Berlin dans les années nonante où le transport commercial se libéra à son tour. Le succès est tel, que les compagnies traditionnelles ont dû suivre la tendance.


Sur la photo , 3 Low cost , Air Berlin , Germanwings et Easy Jet ! 




Ce succès a fait beaucoup de mal aux compagnies traditionnelles. Des fusions, des alliances, de partages de codes ont été nécessaires pour continuer à proposer un service de meilleure qualité tout en baissant les prix. Cependant, divers chiffres montrent que les low-cost se portent mieux. Par exemple, les trois principales compagnies à bas coûts d’Europe (Ryanair, Easyjet et Air Berlin), doivent recevoir, d’ici à 2012, 300 avions avec une option à 350 avions supplémentaires alors que les traditionnelles n'en ont commandé qu’une trentaine et 160 en option, ce qui est surprenant vu que la part du low-cost est de 16% contre 66% pour les autres. L’avenir a l’air si radieux....


Et pourtant, cette réussite sur le papier cache bien des échecs. Le low-cost a considérablement changé les conditions de travail dans le milieu de l’aéronautique. Autrefois une vocation, le métier de personnel de cabine s’est dégradé. Dans les avions de compagnie low-cost ce sont de plus en plus ces derniers qui doivent nettoyer l’appareil entre deux vols. Les heures de travail ne sont plus comptées, y compris pour les pilotes. Les low-cost crew peuvent faire quatre aller-retours quand dans d’autres compagnies deux voire trois est la norme. Tout cela pour un salaire de misère. Le personnel au sol n’est pas non plus épargné. Dans ce système de recherche de plus grande productivité des salariés en réduisant les effectifs tout en le rendant polyvalent est néfaste pour la sécurité ou la santé.


Les Low cost apparaissent dans le monde entier ( ici un airbus de IndiGo Airlines , low cost indienne ) 




D’autre part, les compagnies low-cost et les aéroports desservis dépendent l’un de l’autre. Par exemple, Ryanair reçoit des subventions, plus ou moins légales, de la part des petits aéroport qu’elle dessert. Ces derniers n’ont pas le choix s’ils souhaitent tout simplement avoir une vie aéroportuaire car généralement les compagnies low cost sont leurs uniques clients. Si la compagnie viendrait à délaisser un de ces aéroport, les conséquences seraient le licenciement d’une bonne partie du personnel et un manque à gagner pour le tourisme local car la compagnie fait de la publicité pour promouvoir la destination. Dernièrement, des cas de subventions illégales on vu le jour, notamment à Pau ou à Aarhus, au Danemark. Ce système montre bien la fragilité de Ryanair dont ces subventions font partie de son budget et montre des signes de fatigue dans le ciel européen saturé.


Il reste le marché du long courrier à exploiter. D’ailleurs dernièrement, des compagnies à bas prix proposent des vols vers l’Asie pas cher. Le low-cost, théoriquement, s’adapte mal au long courrier. Il faut tout d’abord servir des repas, qui plus est variés pour tous les goûts ou encore des divertissement comme un écran qui peuvent se révéler cher en exploitation et en entretien. Il faut aussi compter sur les compagnies traditionnelles qui se sont rabattues sur ce domaine, bien plus rentable que les moyennes et courtes distances, laissées aux mains des compagnies à bas coûts. 


Air Asia effecute des vols Long-courrier entre l'Europe et l'Asie ... 




 Comme ce marché est nouveau, l’avenir nous dira si le low-cost est compatible avec le long courrier et comment von réagir les compagnies traditionnelles.


Le low-cost est un succès commercial tout en étant une régression dans d’autres domaines. La société de consommation actuelle convient particulièrement bien à ces compagnies. Les compagnies low-cost sont victimes de leur succès: retards, prix total non indiqué, traitement des clients comme du personnel, divisent les consommateurs. Nous sommes attirés par le produit en lui même et pas par les services qui l’entourent mais une tendance contraire voit le jour. 


Les low-cost dépendant aussi beaucoup de la conjoncture, du prix du pétrole et de la géopolitique et dépendent de divers autres facteurs plus que les compagnies traditionnelles. Le ciel européen déjà saturé, il ne devrait plus rester de places pour de telles compagnies; les trois ou quatre majors d’aujourd’hui seront bien là demain. L’avenir du low-cost se jouera sur le long courrier.






Qu'avez-vous pensé de l'article ? Vous pouvez le commenter plus bas sur cette page .

Source : le texte est rédigé par AeroNews 

2 commentaires:

Ce blog est participatif. Merci de ne pas être insultant dans vos propos.