samedi 12 mars 2011

Les pilotes veulent de l'oxygène dans les toilettes des Airbus


Le principal syndicat de pilotes français s'insurge contre une décision des Aviation civile américaine et française de supprimer les générateurs d'oxygène présents dans les toilettes des Airbus A320 et A340.




Peut-on se passer d'oxygène dans les toilettes des avions ? La question peut sembler étrange ; c'est pourtant le dernier sujet de polémique entre les pilotes français et la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC). Depuis hier, tous les Airbus A320 moyen-courriers d'Air France, ainsi que trois A340 long-courriers, n'ont plus de dispositif d'oxygène de secours dans les toilettes. Une directive de la DGAC a en effet contraint les compagnies françaises à supprimer le dispositif qui permettait de produire de l'oxygène par réaction chimique en cas de dépressurisation de la cabine, après que son homologue américain, la FAA eut elle-même décidé de l'interdire sur tous les avions opérant aux Etats-Unis.

Plus aucun a320 d'Air France n'a de bouteille d'oxygène dans les toilettes ...


Selon la FAA, ces générateurs d'oxygène situés dans les faux plafonds des toilettes, étaient susceptibles d'être utilisés à des fins terroristes. C'est donc dans le plus grand secret qu'Air France, ainsi que la totalité des compagnies américaines, ont du procéder, au cours des trois dernières semaines, au démontage des générateurs d'oxygène, présents sur tous les A320 de sa flotte moyen-courriers, ainsi que sur certains A340 long-courriers.

Danger en cas de dépressurisation

Seul problème : en cas de dépressurisation brutale de la cabine, l'absence de système d'oxygène ferait en effet courir un risque mortel aux occupants des toilettes. Or ni l'Aviation civile française, ni son homologue américaine, n'ont prévu la moindre solution de remplacement à ce stade. Une lacune jugée dangereuse pour la sécurité de l'équipage et des passagers, et donc inacceptable, pour le SNPL, le principal syndicat de pilotes français, qui a décidé de partir en guerre contre cette mesure.
Le syndicat a appelé ses adhérents à refuser de voler en dessous de 25.000 pieds (7.620 mètres), altitude à partir de laquelle une dépressurisation aurait des conséquences graves pour les passagers privés d'oxygène. Une mesure qui se traduirait par des retards et une surconsommation de carburant sur les vols intra-européens, et jusqu'à l'annulation pour les vols long-courriers, dont l'altitude de croisière est beaucoup plus élevée.

Un vrai cas de dépressurisation , photo prise en vol dans un B767 de l'australienne Qantas . On voit les masques à oxygène déployés ...

Selon les pilotes, le risque d'une dépressurisation n'a en effet rien d'anecdotique. " Au cours des 9 derniers mois, on a enregistré 19 cas de dépressurisation, dont 4 explosives, pour les seuls opérateurs européens', explique Yves Deshayes, président du SNPL et commandant de bord chez Air France. " En cas de dépressurisation en haute altitude, c'est la perte de conscience assurée au bout de quelques secondes pour tout personne privée d'oxygène dans les toilettes , souligne-t-il. Face à ce risque, on a proposé aux pilotes d'aller aux toilettes avec la cagoule anti-incendie ou avec une petite bouteille d'oxygène, et rien pour les passagers. Ce n'est pas acceptable ".
A moyen terme, la solution serait donc de rendre le générateur d'oxygène inaccessible pour les occupants des toilettes ou d'opter pour un circuit spécifique relié à des bouteilles d'oxygène, comme cela est déjà le cas sur la totalité des Boeing et bon nombre d'Airbus. Un système qui n'est toutefois pas sans risque. Il y a deux ans, l'explosion d'une bouteille d'oxygène avait failli causé le crash d'un Boeing 747 de l'australienne Qantas.



lesechos.fr

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